PRODUCTION DE PLEIN CHAMP

Les objectifs de production


La qualité du fruit

Cette qualité est dépendante de la destination industrielle réservée à la récolte. Ainsi, les tomates destinées aux fabrications de concentré devront être riches en matière sèche soluble, dont le niveau est estimé par indice réfractométrique. Le pH, la couleur du jus avant et après concentration, la viscosité, la présence d'hyphes de champignon (indice Howard) sont aussi pris en compte pour qualifier le produit. Lorsqu'elles sont destinées à être appertisées, entières et pelées, les tomates doivent être bien colorées, ne pas présenter de défauts externes, que ce soit avant ou après le process industriel. Elles doivent se peler facilement et ne pas s'écraser en boites. Leur calibre doit être homogène. Enfin, la qualité organoleptique du produit fini est aussi évaluée.

Les performances agronomiques

Le rendement en fruits reste l'objectif de base du producteur qui doit amortir des frais de culture élevés (6000 à 7000 euros/ha, selon les situations culturales). Compte tenu du développement de la récolte mécanique, les tomates doivent en outre être fermes, peu sensibles aux chocs. Le groupement à maturité est nécessaire.

Le producteur cherchera, par ailleurs, à étaler sa période de récolte.

Enfin, la culture est confrontée à de multiples maladies et ravageurs. Le producteur aura pour objectif de contrôler ces problèmes phytosanitaires tout en garantissant la sécurité alimentaire de sa récolte et en limitant l'impact de ses pratiques vis-à-vis de l'environnement.



L'ensemble des ces objectifs oblige l'agriculteur à établir des compromis sur le plan technique, et à agir sur différents paramètres pour maîtriser sa production.


Les éléments clés de l'itinéraire technique


La programmation des plantations

Afin d'obtenir un étalement des dates de récolte, le producteur doit programmer ses plantations en prenant en compte quatre paramètres principaux :

  • le choix variétal (gamme de précocité) ; il tient bien sûr compte des performances agronomiques et technologiques requises ;
  • la date de mise en place de la culture (de début avril à mi juin)
  • les conditions pédo-climatiques observées sur les parcelles sélectionnées.

La préparation du sol

La tomate d'industrie est cultivée en plein champ sur des planches. Ces dernières doivent être constituées de terre meuble etfavoriser l'écoulement de l'eau (pluies, irrigation) au contact de la plante.

La plantation

Elle s'effectuait traditionnellement avec des planteuses de racines nues de type Super prefer, en double rang sur les planches mais aussi en simple rang. La densité de plantation dépend de la vigueur végétative des variétés utilisées. Elle se situe généralement autour de 32 000 plants/ha dans les conditions françaises. Des variétés comme Perfect peel F1, ainsi que celles plus récentes des divers semenciers permettent cependant de la réduire autour de 24 - 28 000 plants/ha. 

Depuis plusieurs années, les chantiers de plantation se sont mécanisés, ce qui a favorisé le développement des plantations en mini-mottes : la planteuse automatique la plus utilisée à ce jour permet la mise en culture de 4 à 6 ha/jour environ. Le développement des mini-mottes répond, en outre, à des impératifs d'étalement des récoltes (plantations précoces possible).

La fertilisation

La fumure de fond, dont une composante sera de préférence organique, afin d'améliorer la structure du sol, apporte l'essentiel des besoins de la culture en potassium et en magnésium, ainsi que de l'azote et, si l'analyse de sol montre un déficit, du phosphore. 
L'apport d'une fumure starter est vivement conseillé à la plantation. Il s'agit de phosphate d'ammoniaque, ou d'acide phosphorique, positionné sur les rangs de plantation. 

Les apports complémentaires d'azote et de potassium sont effectués en cours de culture, soit en épandage, soit par l'intermédiaire du goutte à goutte. L'azote est nécessaire au développement végétatif. Il nuit en revanche à la qualité de la récolte et au groupement de maturité. Les apports doivent donc cesser suffisamment tôt pour induire une "faim d'azote" pendant la phase de maturation des fruits. Le potassium est essentiel au grossissement des fruits et à la synthèse du lycopène qui donne leur couleur rouge. 

La plante doit enfin pouvoir s'alimenter en calcium pendant la phase de grossissement des fruits. En cas de déficience de l'alimentation hydrique, ces besoins ne sont pas satisfaits, ce qui induit un défaut physiologique : le cul noir de la tomate. En cas d'accidents d'irrigation (ou autre), l'apport d'engrais foliaires contenant du calcium peut être envisagé.

L'irrigation

Elle doit être ajustée aux besoins de la plante à chaque phase de son développement. La consommation maximale est observée durant la phase de floraison-nouaison, grossissement des fruits. Les besoins diminuent ensuite. Il convient même d'arrêter les irrigations deux à trois semaines avant la récolte de manière à favoriser la maturation groupée des fruits et l'accumulation de matière sèche soluble. Des abaques de calcul des doses d'irrigation ont été établies par la SONITO sur la base des besoins mesurés de la plante et des ETP observées. La conduite peut être affinée par l'utilisation de diverses sondes (Watermarck, Crop Sense,...) considérées comme des Outils d'Aide à la Décision (OAD). Parce qu'il permet une gestion plus précise des irrigations, le développement du goutte à goutte a été encouragé. Il représente plus des deux tiers des surfaces à l'heure actuelle.

Le désherbage

La stratégie de lutte contre les adventices de la culture sera établie en fonction de leur nature dans la parcelle. Parmi lesadventices, certaines sont très difficiles à gérer. C'est notamment le cas de la morelle noire, une mauvaise herbe proche taxonomiquement de la tomate. La compétition spatiale de cette adventice nous interdit ainsi tout recours au semis direct. 

Des mesures préventives doivent être prises : choix des rotations culturales, travail du sol après récolte du précédent cultural, élimination préalable des vivaces. 

Ensuite, l'objectif est le maintien de la parcelle propre au moins jusqu'au stade floraison, le plus sensible à la concurrence des adventices. La réussite du désherbage de pré-plantation est essentiel : choix de la matière active, maîtrise de son incorporation et fixation par l'eau, contrôle de la profondeur de plantation par la suite. Des traitements de post-plantation à base de rimsulfuron ou du binage complètent ce dispositif jusqu'à la floraison. Les adventices restent en effet nuisibles au-delà de ce stade. Elles peuvent limiter le grossissement des fruits, créer un environnement favorable au développement des maladies et gêner la récolte mécanique.

La protection phytosanitaire

Afin de réduire le nombre de traitements, de positionner au mieux les interventions pour leur plus grande efficacité, de sauvegarder l'environnement et de garantir la sécurité alimentaire, la filière française a opté pour la mise en place d'un réseau technique capable de diagnostiquer et de quantifier les risques phytosanitaires encourus par les cultures dans chaque zone de production selon l'axe 5 du plan ECOPHYTO. Une quinzaine de techniciens participent à ce travail de surveillance des parcelles cultivées. Des méthodes de piégeages (noctuelles) et des modèles mathématiques de prévision des risques (mildiou, chenilles phytophages) sont en outre utilisés. Les producteurs sont avertis individuellement en cas de détection et d'évaluation d'un risque majeur pour leurs cultures. Un Bulletin de Santé du Végétal est ainsi publié sur ce site une fois par semaine en période de culture de la tomate.

 En matière de ravageurs, sont particulièrement suivis les ravageurs du sol (taupins), les chenilles phytophages (héliothis armigera et Tuta absoluta), les pucerons ou encore, avec le développement du TSWV, les thrips. 

Les principales maladies affectant la culture sont, de par l'étendue des dégâts qu'elles peuvent provoquer, le mildiou (Phytophthora infestans), les pourritures de fruits (Alternaria, principalement), les bactérioses (Pseudomonas siringae, Xanthomonas campestris), et le corky root sur des parcelles fatiguées par des rotations trop courtes en tomates ou autres solanacées.

La récolte

Elle est aujourd'hui mécanisée sur 100% des surfaces. Les récolteuses coupent les plantes qui montent dans le corps de la machine. Un système de secouage permet de décrocher les fruits des tiges. Les fanes sont éliminées par l'arrière de la machine. Les fruits sont collectés et dirigés vers un tapis où ils subissent un tri colorimétrique, au moyen de détecteurs optiques, puis un tri manuel par du personnel embarqué. Les fruits conformes aux exigences de la filière sont enfin chargés par un système de bras mobiles dans des containers appropriés à leur transport vers les usines.